Levons les tabous

En gras sur l’ordonnance : Levons les tabous

Plus jeune, j’imaginais naïvement qu’être étudiante en médecine puis médecin serait pour moi un gage d’invulnérabilité !

Pourtant, le cancer est entré dans ma vie, comme pour beaucoup, insidieusement, m’ébranlant, me fragilisant. Il a touché ma famille, des personnes que j’aime plus que tout et aussi évidemment mes patients auxquels j’étais forcément attachée.

Je suis toujours étonnée d’ailleurs de la capacité qu’on a de vivre comme si ce couperet n’existait pas. Je suppose qu’il s’agit de la puissance de la vie ! Heureusement !

Pourtant, quand la peur, le doute et l’incertitude nous traversent, on doit bien se rendre à l’évidence que personne n’est à l’abri. PERSONNE. Et lorsqu’on revêt le costume de patient ou d’aidant, la vie bascule, on change.

Comment passer outre la colère et trouver la hargne, la force et l’envie de vivre ? Comment agir et se battre ?

Pour ma part, j’agis avec mes petites vidéos de prévention. En espérant qu’elles voyagent, aident et soutiennent à minima. Soyons acteurs de notre santé, levons les tabous. Je vous invite à en parler à votre tour, aux jeunes, aux moins jeunes. Arrêtons de penser que la maladie, c’est pour les autres.

Octobre rose se termine, mais il faut se palper toute l’année 😉

Je pense particulièrement aujourd’hui à la douce @justinehutteau. Ce WE, je vais courir pour les @defi_delles à @leucatetourisme pour l’asso @keepabreasteu en binôme avec @alexandrameur . Nous serons nombreuses avec @christellekohlanta @ly_tout_court @laurythilleman @nathsimofficiel @alixkohlanta @jessicaavetter @clemence_ma @cyriellebresson et des dizaines de filles …

Et vous, comment levez-vous le tabou ?

Responsabilisons-nous

 

 

 

 

 

 

Pas plus tard que la semaine dernière, l’une de mes patientes est venue me dire au revoir, elle quittait sa famille et sa région, rejetée par sa mère qui n’acceptait pas son homosexualité. J’ai immédiatement pensé à @mael_pfr , étudiant transgenre, tabassé et insulté. Ça a fait écho aussi au harcèlement scolaire qu’a subi @paulinealopecia , atteinte d’alopécie depuis l’enfance. Et encore une fois, j’ai eu honte.

Les stéréotypes sont des croyances que l’on a sur les caractéristiques personnelles des autres, des opinions toutes faites. Les stéréotypes sont transmis par l’environnement social depuis la petite enfance, par peur de l’inconnu. Ils mettent des étiquettes sur ce qu’on ne connaît pas.

Lorsque l’on se retrouve face à une personne issue d’un groupe auquel on a collé un stéréotype, celui-ci peut se transformer en préjugé. Et quand un comportement est dicté par un préjugé, c’est de la discrimination.

L’environnement social responsable des stéréotypes, c’est nous. Alors on est tous responsables. Le respect des autres, de leurs libertés, de leurs différences, c’est quelque chose qu’on peut apprendre à un enfant de 2 ans ! (Et notez d’ailleurs qu’à l’âge là, c’est pourtant limpide !!). Alors nous, adultes, sensibilisons-nous et engageons-nous. Parlons avec nos enfants de la mixité sociale, sexuelle, éthnique. Abordons les différentes structures familiales, le handicap, la différence. C’est l’affaire de nous tous.

Attaquons-nous à la peur, aux stéréotypes et aux préjugés en commençant par les nôtres. Efforçons-nous de rendre notre environnement familial ouvert et apprenons simplement à nos enfants à ne pas juger sans connaitre.

Source : Amnesty International.
PS : Retrouvez l’interview de @mael_pfr sur la transidentité, et de @paulinealopecia sur le harcèlement scolaire dans mes stories à la Une “Interviews”. Je parle également des stéréotypes de genre dans “Laissons-les s’exprimer”, en storie à la Une “EnGrasSurl’Ordo”.
PS2 : C’est avec fierté que je me montre en famille dans le clip « Double Papa” (@guillaume_aldebert /@calogerofficiel) avec @roro_le_costaud @maviedepapagay @coline_journey @dorothee.pousseo @yannorhan @clarouille_eyes @papa_rom4in ♥️

Pensez au coeur sur le doigt

J’aime partager avec vous des petits trucs pour améliorer ou simplifier nos vies.

Cette chronique m’est directement inspirée de mon numéro 2 qui a soigneusement déposé un cailloux rond dans la poche de mon manteau. « Une pierre pour que tu penses à moi en ton absence » m’a-t-il dit avant d’en mettre un dans sa veste à son tour. Et, fidèles au poste, nos cailloux nous accompagnent… partout, tout le temps.

Sans le savoir, mon fils a créé un objet transitionnel, un objet plein de sécurité affective pour lui comme pour moi, un objet qui nous apporte la chaleur de notre cocon familial. L’histoire ne dit pas qui de nous deux en avait le plus besoin.

D’ailleurs, ce doux caillou aurait pu être un cœur dessiné sur nos doigts ( ce que je conseille souvent à mes petits patients qui ont le manque), un bracelet en laine, du vernis, un mot doux, … .

Bref, adultes et enfants, usez d’imagination. Laissez des petits mots. Prenez 5 minutes. Imaginez et créez votre « doudou » perso. Ça permet d’avoir un peu plus de force dans les épreuves du quotidien, et de garder en tête que les gens qu’on aime, ne sont jamais très loin.

♥️
Laure

Plaignez-vous

 

 

 

 

 

 

 

 

Une nouvelle rencontre ce jour qui fait écho aux autres consultations similaires, alors voici une nouvelle chronique « En Gras sur l’Ordonnance ».

Il s’agit d’une maman consultant pour sa fille. Une maman apprêtée, toujours à l’heure, qui gère à merveille les multiples rendez-vous médicaux de la cadette, les allergies alimentaires de l’ainé, les courses, le boulot, etc. Sa fille va plutôt bien. Et quand je m’adresse à la mère pour savoir si elle tient le coup dans ce rythme effréné, en cette période de covid… elle craque.

Mon boulot de médecin généraliste consiste – entre autres – à apprendre et comprendre votre fonctionnement, vos problématiques, vos habitudes, vos doutes, vos craintes, votre routine. Parfois, bien qu’elles soient tues, j’ai le nez fin et j’arrive à mettre le doigt sur les choses qui ne vont pas. Parfois, malheureusement, non.

La maman ne s’est pas étendue mais sur le pas de la porte, elle m’a avoué que son mari, violent, la poussait à bout, qu’elle reviendrait me voir rapidement.

Moi qui cherchais les conséquences d’une charge mentale élevée en plein confinement… j’suis tombée des nues.

Patients, aidez-nous à vous aidez. Plaignez-vous ! N’ayez pas honte de nous parler, de vous livrer. Quel que soit le problème d’ailleurs. Sortez ce que vous avez sur le coeur, c’est le premier pas pour aller mieux.

Prenez-soin de vous.
Laure

Ps: la violence conjugale est considérée comme une violence indirecte envers les enfants … sachez-le.

Crédit photo : @amandinefenix

Lisons

En gras sur l’ordonnance : Lisons

Je suis agréablement surprise par les statistiques sur lesquelles je viens de tomber : En 2019, 88% des Français se déclarent lecteurs, et ce chiffre est en hausse. L’augmentation est portée notamment par les 15-24 ans (91%) et les 65 ans et + (96 %). De quoi rassurer ceux qui pensent que les jeunes ne s’intéressent qu’à leur écran, bref …

La lecture améliore la mémoire, elle nous rend plus vifs, nous relaxe, elle nous éloigne de nos tracas quotidiens. Les neurosciences le confirment, en jouant sur les connexions neuronales, elle nous rend “plus intelligents”, elle affirme notre théorie de l’esprit, cette capacité à être dans l’empathie, à attribuer à autrui des pensées, des intentions, des émotions.

Pour donner goût à la lecture, on peut lire des histoires dès le plus jeune âge, on peut jouer avec les mots, les rimes, utiliser les comptines. Progressivement, au fil des mois, on peut rendre nos bambins acteurs, les faire choisir le livre à la bibliothèque, s’impliquer. Avec les plus grands, il est possible de lire à 2 : une ligne ou une bulle chacun son tour. LIRE N’EST JAMAIS UNE PUNITION ! Au contraire, un livre, c’est un chouette cadeau !

Quel que soit l’âge, trouvons un endroit idéal, faisons-en un rituel, un temps programmé, privilégié, partagé… Puis, à la fin de l’histoire, c’est le moment d’échanger, de veiller à ce que notre enfant ait bien compris, de discuter des émotions que ça nous a apporté.

Puis un jour, la lecture c’est mieux tout seul … alors là, c’est mission réussie 😍. Mais ne soyons pas trop pressés, ça se fait quand l’enfant est prêt. L’apprentissage peut être long et fastidieux, alors valorisons notre petit, il peut être fier!

Bref, fin de la lecture, prenons soin de nos neurones et de ceux de nos enfants! Dites-moi en commentaire quel est votre livre préféré, ça me donnera des idées 😉

Bonne soirée, Laure

PS: Mon coup de coeur pour les plus de 6 ans – partagé avec mon numéro 1, en mode une bulle chacun – c’est “L’impeccable anniversaire d’Hubert Falabrak”, le kif total pour le fils et sa mère 😉

Doutons

L’individu prend de plus en plus de place au détriment du collectif qui se perd. Aussi, afficher une certaine assurance dans ses choix personnels, une certaine fierté individuelle est toujours valorisé. Pourtant, parmi les 18-30 ans, 50% déclarent ne pas avoir confiance en soi, et 10% d’entre eux, pas du tout (Source : Statista 2020).

Je crois que c’est bien aussi de douter, je pense même d’ailleurs que c’est important.
Le doute permet de s’interroger, d’affiner ses jugements, de se remettre en question et d’avancer. C’est probablement ainsi qu’on acquiert à terme une meilleure confiance en soi.

Voilà les conseils que vous donne une grande dame de la chanson :

-écoutez votre coeur se balancer
-dites et vous contredites sans vous dénoncer
-tremblez
– soyez incapable de juger
– soyez moitié dans vos godasses, ou moitié à côté
– n’ayez pas peur de passer pour des cons
– paniquez,
– soyez illogiques, ou “ pas comme il faut”
– n’ayez pas honte d’être “des ratés du coeur”
– osez ne pas vous approprier les choses ou les gens
– soyez qu’une simple fenêtre pour les yeux des enfants
– soyez sans oriflamme,
– soyez assez “poire” pour que jamais l’histoire vous rende les honneurs
– soyez ceux qui voudraient qu’on leur foute la paix de temps en temps
– soyez tendres …

POUR TOUS CEUX QUI DOUTENT : MERCI.

Ces mots sont directement inspirés de la chanson d’Anne Sylvestre “Les gens qui doutent”. J’ai eu la chance de la rencontrer lors de concerts où elle chantait avec mon époux.
Un petit hommage à la femme militante et féministe que j’admire, dont les mots méritent d’être écrits en gras sur l’ordonnance…

Laure GEISLER

Soyons patients

 

C’est officiel, nous sommes à nouveau en “privation contrôlée”. Celle de contacts humains, voire de travail ou d’insouciance. Celle de nos habitudes, de notre normalité d’avant 2020.

Les étapes de la fabrication d’un vaccin sont les essais précliniques (chez l’animal) puis cliniques (chez l’homme) où se succèdent les phases 1 (innocuité), 2 ( stratégie vaccinale et dosages) et 3 (efficacité à grande échelle). Il y a ensuite la phase 4 de pharmacovigilance.

Actuellement, ce sont près de 200 équipes de recherche à travers le monde qui planchent sur l’élaboration du vaccin contre le SARS-coV-2. Fin septembre, 19 labos étaient engagés dans la deuxième phase des essais cliniques et 11 projets avaient atteint la troisième phase. La Russie a accordé le droit de commercialiser le vaccin Spoutnik V dans son pays au premier janvier 2021, avant la fin des essais de phase 3. Selon l’Institut Pasteur, un vaccin serait disponible au plus tôt à la fin de l’été 2021.

Alors, soyons patients. Et pendant ce temps, pensons au jour où nous vaincrons ce virus. Pensons à la joie folle de notre “premier” concert, au bruit des grandes tablées au restau, au froid sur les oreilles lorsqu’on rentrera à pas d’heure, au charme des fossettes non-masquées de notre collègue de bureau, aux discussions incompréhensibles lors des bringues, à l’usure des bancs crayonnés de la fac, à la ferveur des matchs depuis les gradins, à la tristesse partagée au cinéma, aux verres qui trinquent, à la chaleur des poignées de main, au regard de soutien en pleine endurance de notre voisin de sport, à la standing ovation au théâtre, à l’excitation d’avant départ en voyage, au palpitant face au sourire d’une inconnue, aux calins des gens qu’on aime, au partage …

… car ce sera juste tellement bon ! En attendant, big up aux chercheurs et une pensée particulière aussi à toutes les professions artistiques et culturelles qui nous font nous évader.

Bise, Laure
Crédit photo @guillaume_aldebert
Sources : OMS via the Gardian, Statista

 

Verbalisons

Chaque famille possède son lot de souffrances et d’injustices : une perte, un accident, un attentat, un suicide, une maladie, une fausse-couche, j’en passe … Si certains en parlent, d’autres les transforment en secrets.

Il y a plusieurs décennies, se taire permettait par exemple de sauver la vie de familles pendant la guerre ou la réputation “d’enfants de la honte” (fruits d’un adultère ou d’un viol). Aujourd’hui, pour “aller bien” et probablement aussi pour tenter de les oublier, certains événements douloureux sont parfois tus et deviennent à leur tour des secrets familiaux.

Pourtant, le non-dit s’exprime inconsciemment par des changements de comportements, des lapsus, des attitudes étranges, des mimiques ou une voix qui change à la pensée du secret. Parfois il s’agit de réactions plus franches comme des pleurs ou de la colère sans motif apparent.C’est là tout le paradoxe. Le silence est gardé dans une bonne intention, mais il finit par être toxique.

La psychologue Marie Lani-Bayle explique qu’étymologiquement, le mot secret vient de “sécréter” : “c’est parce qu’il suinte, qu’il transpire, que le silence fait des vagues”. Selon la psychanalyste Françoise Dolto “on traumatise par le non-dit beaucoup plus que par le dit”.Si le jeune enfant peut se sentir “responsable” de la souffrance qu’il pressent chez son parent, l’ado peut imaginer que ses parents sont coupables d’actes terribles cachés et perdre toute confiance.

Ainsi en mettant des mots sur nos souffrances, on se libère d’un poids, et on libère nos proches des conséquences du
silence.Verbalisons pour dire ce qui fait mal ou ce qui dérange, avouons nos erreurs, nos émotions, déculpabilisions. Faisons-le pour nous affirmer. Affrontons nos peurs, ce qui pourrait nous faire honte, le jugement des autres, leur regard.

Verbalisons pour être dans le vrai ….pour être libre.

Laure

Rêvons

Hier, au square, mes enfants montent sur un tourniquet, rejoints par un petit garçon…. Tout le monde embarque, je les fais tourbillonner et déclare fièrement : “Alors, on va sur Mars ou sur Saturne ?” À ça, le jeune inconnu me répond : “Ben … Nulle part, c’est une balançoire !”. Ce vent glaçant  intergalactique m’a soufflé cette chronique.

Le rêve, c’est l’imaginaire : Chez les plus jeunes, c’est construire des images d’aventures, de voyages ou de rencontres, c’est se prendre pour le héros de ses livres ou dessins animés préférés, se mettre en scène, se déguiser en serpent ou en cow-boy, donner vie à ses peluches ou autres personnages Playmobil ®, c’est imiter l’adulte ou faire semblant. Les neurosciences affirment que l’imaginaire est déterminant dans le développement des enfants : L’imitation améliore la motricité fine des plus petits, elle en fait des êtres sociaux, intéressés par l’autre, en quête de découverte et d’interaction avec l’environnement. Jouer au docteur ou au parent consolant un bébé augmente l’empathie, l’écoute et la compréhension du monde. Le jeu libre stimule la créativité, l’autonomie et les apprentissages. L’imagination aide aussi à affronter certaines peurs et à avoir davantage confiance en soi.

Le rêve permet alors quelque part de lutter contre l’isolement, la méfiance, la peur ou l’ignorance, piliers des discriminations comme le racisme, le sexisme ou l’homophobie.

Nous aussi, adultes, avons un potentiel de rêve et d’imagination. Parfois masqué par nos responsabilités ou nos obligations, parfois inconscient, il est pourtant là. Il nous rend plus fort lorsque la réalité n’est pas simple. Il génère des  motions, nourrit notre créativité et change de manière positive notre perception du monde extérieur. Et il nous inculque aussi les valeurs du vivre ensemble, du partage, de la solidarité et du respect.

Alors rêvons, et invitons nos enfants et nos proches à en faire autant. Ouvrons-nous et autorisons-nous à nous évader un peu, à nous ennuyer … pour imaginer un monde plus tolérant et plus juste.

Laure

Cultivons la bienveillance

Dans le dictionnaire, la bienveillance est la capacité à se montrer indulgent, gentil et attentionné, d’une manière désintéressée et compréhensive.

Envers les autres, on imagine souvent une forme de gentillesse un peu cul-cul, car aider une personne à porter ses courses, une autre à trouver son chemin, donner un peu de son temps, respecter, complimenter, valoriser quelqu’un, c’est plutôt facile et accessible.

On est par contre beaucoup moins doué lorsqu’il s’agit de bienveillance envers soi-même. On est capable de s’infliger des critères de beauté qui nous importent chez les autres, on a parfois honte de se livrer, de montrer nos émotions, alors qu’elles nous touchent sans jugement chez d’autres personnes, on n’ose pas demander de l’aide alors qu’on répond sans hésitation à un besoin extérieur, etc.

Pourtant, on aurait tellement besoin de bienveillance envers soi-même ! Elle est nécessaire pour identifier ce qu’on aime chez soi, pour écouter nos signaux de fatigue ou de stress, pour avouer qu’une situation est difficile, pour accepter nos nos limites, ou tout  simplement pour nous relaxer et prendre du recul. Elle permet d’être tolérant avec nos défauts, d’être fier de nos qualités, d’accueillir nos émotions, de nous aimer.

Il est scientifiquement prouvé que la bienveillance favorise le bonheur durable et authentique (sources : Transcendance de soi et le bonheur. Dambrun et Ricard, 2011).

Alors appuyons-nous sur la littérature scientifique et … soyons heureux !

Laure